De touriste à porteña
Dans trois jours, c'est la rentrée. Le temps pour mon ordinateur de bousculer l'appareil photo dans le tiroir, d'ôter mes baskets et de prendre le métro en sens inverse, cette fois vers le Nord. Vêtue depuis dix jours du costume de touriste, je me fonds peu à peu dans ce nouveau quotidien, acquérant les habitudes des porteños tout en visitant leurs monuments. Les journées remplies effacent les détails des structures, dont voici un aperçu.
Cette semaine fut aussi celle des cafés, que l'on prend jusqu'à trois fois par jour, avec trois personnes différentes, sous peine de rater le coche de la vie sociale. Le porte-monnaie tremble un coup, vous fait la moue puis se détend à la vue de votre submarino. Plus populaire que le chocolat chaud, cette barre chocolatée plongée dans une tasse de lait me rappelle le goût des boissons maisons, qu'on savoure lors des goûters d'hiver. La ville possède ses chaînes phares, où l'on vient déguster une tarte, un cappuccino ou admirer un patio.
Jeudi dernier, je testais le café Havanna avec Caroline, tout juste débarquée du Danemark et étudiante comme moi à l'Universidad Torcuato di Tella. Entre deux alfajores (non, cette spécialité de la maison se mange à l'unité tant elle est peuplée de sucre), je découvris qu'elle cherchait un logement, et ma maison lui était autant une aubaine qu'elle en fut une pour mon propriétaire. Nous voici donc désormais colocataires ! Revenons un instant à l'alfajor, douceur sucrée la plus populaires du pays, qui renferme une lichette de dulce de leche entre deux palets au chocolat. Son plus grand défaut ? Son prix, seulement cinq pesos, et sa disponibilité dans tous les kioscos, c'est à dire littérallement à chaque angle de rue.


Le même jour, ma marraine argentine de l'université, Camila, me fit découvrir Pani, café tout en couleur célèbre pour ses énormes parts de tarte. De mon côté, je m'empiffrais d'une excellente gauffre jambon-fromage. A 16h, horaire encore tout à fait respectable pour le déjeuner. Grande blonde aux yeux clairs, Camila vit à deux pas de notre université avec ses parents, son petit frère et ses trois chiens, stars de son fond d'écran de téléphone. Si elle n'a pas la chevelure brune habituelle du pays, elle en a les grands gestes, et la passion !
Sur le chemin du retour, je découvris avec elle les joies du trafic à l'heure de débauche. Nous primes le métro pour éviter les embouteillages en bus, décision à moitié concluante ! Confrontée au phénomène des pousseurs idéalistes, la rame ne démarre pas tant que ceux-ci ont leur corps encore à moitié dans la station. Au fond d'eux ils le savent, ça ne rentre pas. S'ils ne descendent pas, personne ne bouge. Mais ils restent, la main sur la porte pour ne pas se faire couper la tête à la fermeture automatique. Cinq minutes, dix minutes. Obstinés contre le reste du monde. Finalement, nous réussimes à monter dans la boîte à sardines au second passage, et y survécurent. Phénomène assez banal de capitale.
Et pourtant pas tant que ça, quand on rencontre les amateurs de l'autobus. Ceux-ci se rangent en file indienne à chaque arrêt, dessinant autant de lignes d'hommes qu'il y a de lignes de bus passant par là. Si le réseau complètement hasardeux ne semble pas en demander autant, pas question de déroger à cette élan amusant de savoir-vivre, peu importe si on déborde sur la route.
Cette semaine fut enfin celle des premières rencontres avec mes camarades de l'université, des retrouvailles, avec la vingtaine de scienpistes que nous sommes ici. Et puis déjà des adieux, avec Elaïne, ma colocataire brésilienne durant une semaine, toujours en forme pour aller au boliche, cuisiner un bon dessert ou faire une visite. Les retrouvailles sont déjà prévus à Sao Paulo puis à Paris !

